Dominique Brun
Capture+d%E2%80%99e%CC%81cran+2022-11-04+a%CC%80+17.41.16.jpg

Danses de travers et musiques à fuir

Danses de travers & musiques à fuir


Distribution

Conception Dominique Brun
Musique Erik Satie, John Cage
Arrangements Robin Melchior
Lumières et régie générale Christophe Poux
Son Eric Aureau
Costumes Florence Bruchon assistée de France Chevassut, Marine Gressier, Aude Bretagne et en stage Alice Girard
Interprétation danse Roméo Agid, Marie Orts, Clément Lecigne et en stage Pierre Morillon
Interprétation chant Dominique Brun
Interprétation musique Sandrine Legrand, Jérôme Granjon

coproduction

Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint Denis (en cours)

Avec les soutiens actifs, chaleureux et bienveillants de la Ménagerie de Verre dans le cadre du dispositif Studiolab, du Conservatoire Nina Simone – Romainville, de la Maison Jean Moulin / Parc Les Guilands – Montreuil et du Conservatoire Erik Satie – Bagnolet.

PROGRAMME

  • Gnossienne n°4 (Erik Satie / Ted Shawn)
    Danse : Roméo Agid à partir de sept photos de la composition de Ted Shawn

  • La belle excentrique (Erik Satie / Caryathis)

    Danse : Marie Orts d’après les archives de la danse de Cariathys (1921)

  • Le piège de la méduse. Les sept toutes petites danses (Erik Satie)
    Danse : Roméo Agid

  • Je te veux (Erik Satie / Paulette Darty)
    Chant : Dominique Brun

  • Les pantins dansent (Erik Satie)
    Métachorie dansée par Valentine de Saint Point

  • Le “cheval” (Erik Satie) d’après celui imaginé par Erik Satie et celui chorégraphié par Léonide Massine
    Préparation du piano : Sandrine Legrand, Jérôme Granjon, Marie Orts
    Danse : Roméo Agid, Clément Lecigne

  • Amores : parties 1 et 4 (Erik Satie)

  • Totem Ancestor (John Cage / Merce Cunningham)
    Danse : Clément Lecigne
    d’après la chorégraphie de Merce Cunningham notée en Laban par Lena Belloc

  • Suite pour piano jouet (John Cage)
    Dé-préparation du piano : Sandrine Legrand, Jérôme Granjon, Clément Lecigne, Marie Orts
    Musique : Roméo Agid

  • Aerodanse : Hyperprism (Edgard Varèse enregistrement dirigé par Pierre Boulez / Giannina Censi)
    Danse : Marie Orts d’après la danse futuriste de Giannina Censi

  • Parade (Erik Satie / Léonide Massine)

    d’après la danse de Maria Chabelska, Léonide Massine et Nicolas Svereff
    Prélude au rideau rouge
    Le prestidigitateur chinois
    La petite fille américaine
    Les acrobates puis Les managers
    Suite du rideau rouge

    Danse : Marie Orts, Clément Lecigne et Roméo Agid

 

DANSES DE TRAVERS
& MUSIQUES À FUIR
— CONCERT DE DANSE EN HOMMAGE À ERIK SATIE –

De l’usage de la forme brève

Ce projet consiste à rassembler dans un même programme, plusieurs pièces courtes, d’une durée de 1 minute 30 à 12 minutes, choisies principalement parmi les œuvres d'Érik Satie (1866-1925) qu'il a composées pour la danse. Ce programme s’adresse à des musées mais aussi, à des théâtres et festivals, et/ou encore, à d’autres lieux insolites dont la vocation première n'est pas d'accueillir la danse (maison de retraite, parcs et jardins). Il permet de proposer un « concert de danse » de cinquante-cinq minutes à une heure qui réunit deux pianistes Sandrine Legrand, Jérôme Granjon et quatre danseurs Roméo Agid, Dominique Brun, Clément Lecigne, Marie Orts. Les costumes de Florence Bruchon s'ajoutent à chacune de ces miniatures, ils délivrent et précisent le contexte historique de leurs émergences. Choisir de décliner ce programme autour de la musique de Satie, c’est affirmer que ce dernier – grâce à ses recherches artistiques – ouvre un pan entier de la modernité de l’histoire de l’art en général, de la danse et de la musique en particulier.

Satie et la danse

Satie établit un lien privilégié avec la danse dans ses compositions musicales, il semble dire ce faisant que sa musique cherche un corps susceptible de renouer avec un geste qui surgit sans but, voire sans histoire, comme il conçoit finalement sa musique. Sa pièce Le Piège de Méduse – malgré l’incitation narrative de son titre en témoigne, on peut lire dans la partition toute une série d’indications motrices qui ont permis au chorégraphe américain, Merce Cunningham (1919-2009), d’écrire ses Monkey Dances, accompagnées au piano lors de la « première » par le musicien et compositeur John Cage (1912-1992). Satie aura aussi composé des pièces à la façon des sketches des music-halls et des cabarets, notamment La belle excentrique pour la danseuse Élisabeth Toulemont (1888- 1971) connue sous le pseudonyme de Caryathis. Il participe également à la création innovante et surréaliste de Parade en compagnie du poète Jean Cocteau (1889-1963), du peintre Pablo Picasso (1881-1973) et du chorégraphe Léonide Massine (1896-1979) pour les Ballets russes en 1917.

Vers une modernité exacerbée : de Satie à Cage

Les indications verbales qui jalonnent les partitions de Satie sont une invitation à donner corps à sa musique, à la mettre en mouvement, voire à la danser, ce qui n’aura pas échappé à Cunningham, chorégraphe novateur de la modernité chorégraphique américaine du XXe. En 1948, Cage dirige pour la première fois au Black Mountain College (singulière université de Caroline du Nord) un festival amateur qui propose des concerts et conférences dédiés à la musique de Satie. Cage y donnera vingt- cinq concerts d'une demi-heure, parfois au piano à queue dans la salle à manger de l'université, parfois à l'étage de sa résidence alors que le public l'écoute dehors, assis dans l'herbe. Le temps fort de ce festival propose une représentation du Piège de Méduse de Satie. Ce même été 48, toujours au Black Moutain College, Cage accompagnera au piano un concert de danse conçu par Cunningham. Le programme comporte une autre composition antérieure de Cunningham, Totem Ancestor de 1942 dont Cage a aussi signé la musique et les fameuses Monkey Dances extraites du Piège de Méduse de Satie. Les recherches et la posture de Satie ont exercé une influence certaine sur le travail conceptuel de composition de Cage.

Entre danse de travers et musique à fuir...

On peut entendre et voir dans ce programme, la musique comme la danse, ensemble ou séparément. Reste au spectateur la possibilité de choisir quel sens privilégier... Et même de regarder la musique ou d'écouter la danse.
En ouverture, La Gnossienne n°4 composée en 1891 par Satie qui fut chorégraphiée en 1919 par le chorégraphe moderne américain Ted Shawn (1891-1972). S’en suit La belle excentrique (1921) d’après les archives de la danse de la « Caryathis ». On entend ensuite la chanson « Je te veux » (1903) chantée à l'époque par Paulette Darty (1871-1939), publiée sous le titre Les danses d'Érik Satie. Les sept toutes petites danses – Monkey dances de Cunningham en 1948 – sont ici réécrites grâce aux indications de Satie qui figurent à même la partition du Piège de Méduse (1913). On entend ensuite Les pantins dansent composée la même année, commande de la poétesse futuriste Valentine de Saint-Point pour sa métachorie.
Puis, on découvre le « Cheval » de Parade qui évolue en silence – bien qu'il existe une composition de Satie du même nom – dans le costume-décor conçu par Picasso. En parallèle à cette danse, on assiste à la préparation du piano présent sur scène.

On entend Amores (1943) de Cage, puis on découvre Totem Ancestor (1942), chorégraphié par Cunningham, mis en musique par Cage. Toutes les pièces du programme sont jouées à deux ou quatre mains. Seule, la Suite pour piano-jouet (1948) de Cage est interprété par un danseur.
En guise d'exception à ce programme « live » on entend une œuvre enregistrée d'Edgar Varèse (1883- 1965) qui sert de fond sonore à l'Aéro-danse (1931) de la danseuse futuriste Giannina Censi (1913- 1995). Hyperprism (1923) permet d'entendre des sirènes qui participent des nouveaux sons et bruits inventés par les musiciens futuristes italiens. Diaghilev voulait qu'elles figurent dans Parade pour ajouter à sa modernité en faisant signe vers celle des futuristes.

Ce programme se termine par Parade (1917) un ballet « réaliste ». La danse s'appuie ici sur la version que Massine a recréée pour le Joffrey Ballet avec son chorégraphe Robert Joffrey en 1976, pour les extraits du « Magicien chinois » et de « La petite américaine ».

Cocteau écrit – non sans rappeler la fameuse Conférence sur rien de Cage : « Ne cassez pas Parade pour voir ce qu'il y a dedans. Il n'y a rien. Parade ne cache rien. Parade est une parade. Parade est sans symbole. Parade, un point c'est tout. Parade n'est pas cubiste. Parade n'est pas futuriste. Parade n'est pas dadaïste. Parade n'est pas 'un curieux ballet'. Parade ne cligne pas de l'œil. Parade n'est pas malin. Parade n'est pas sublime. Parade est simple comme bonjour. »


CALENDRIER

23 et 24 mai 2023 | Théâtre Berthelot - Montreuil | dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint Denis


 

Éric Satie, Élise Toulemont dite « Cariathys », John Cage, Programme du concert de danse conçu par Cunningham, Les Monkey Dances, Parade conçu en 1917 par Cocteau.